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* * *
Ô mon domaine fertile
Comme tu es lointain
Et pourtant toujours j'en reviens
Avec des anges gardiens
Très habiles
Bien que fragiles

Appels divins
Qui me touchent délicatement
Valeurs clignotantes hésitantes
L'amitié et l'amour se confondent agréablement
Ciel humain toujours prêt à frémir
À pleurer ou à rire

 

* * *
Fécondes catastrophes écologiques
Le fléau réalise
La sphère spirituelle
Divers pactes découragent
Le zèle étourdissant des menteurs brillants
Mais ne les empêchent pas de séduire à nouveau
L'éloquence du président étranglé
Bannira bientôt tout éclat

* * *

Les égards qu'on ne doit pas
Sont les plus délicieux
Certes les absents n'ont pas toujours le cœur limpide
Les mains frêles ne sont pas toujours tes plus délicates
L'atmosphère souvent égare
Et le hasard nu
S'habille des oripeaux du beau langage
Alors l'assassin
Se déshabille de sa violence
Et nous croyons tous qu'il pense


* * *
Blessé je tombe dans ses bras
Je ne comprends pas il n'y fait pas froid
Je glisse dans un profond néant
J'aime le goût de mon sang
II me rend totalement présent


* * *
Homme aux mille visages
J'ai aperçu parfois ton image
Lointaine mais vraie comme un mirage
Familière comme un très proche paysage

Nuée fragile du petit matin
Que le vent jette déjà au lointain
C'était un petit être dans un chemin
Assis seul avec son chagrin

Ce n'était pas un archange
Plutôt un enfant étrange
Qui voulait qu'on le venge
Sans que ça dérange

 

* * *
Sur la voie lactée une étoile a bougé
Et j'ai encore pensé
Une goutte de pluie est tombée
Une seule esseulée

J'ai alors crié très fort dans la nuit mourante
(La lune était absente)
C'était un cri d'amour et d'angoisse
Debout les bras levés comme implorant une grâce
C'est vrai je crois j'atteignais le fond
Je t'ai appelé par ton nom

Et tu m'as répondu par ces mots simples et aimants
Dessinés sur la lumière rouge-oranger du jour enfin naissant
MON ENFANT

 

* * *
C'est un grenier au corps ouvert
Ouvert à la paix de l'âme
À la chair tendre de la femme
Aux désirs fous des cœurs fiers

C'est un grenier à ma fantaisie ouvert
J'y prie parfois pour ma future gloire
J'y apporte très souvent à boire
Je bois à la santé de mes vers

C'est un grenier au secret découvert
Dans une malle j'ai trouvé une miniature
C'était un grenier où il y avait une miniature
Où toi et moi nous nous sommes découverts.

* * *
L'amour est tombé sur moi comme une grâce divine,
Comme un mystère qui me domine,
Comme une soudaine abondance après une longue famine.

Mon cœur était un obscur désert.
À présent il est esprit et chair,
Joyeux goéland sur la mer.

Et celle que j'aime est dans la vague :
À la fois fraîche et tranchante comme une dague,
Fougueuse et berceuse comme le chant du vent,
Elle déploie l'arc-en-ciel de mon sang.

* * *
Soupirs frais
De la nuit déboutonnée
Plaisanterie puérile d'adolescente grave
Dont le regard sérieux
Me fait penser
Aux sens de ma vie

* * *
Sous sa carcasse d'angoisse
Mon cœur est noir
D'attendre en vain il se lasse
Quel désespoir
L'oiseau léger de l'enfance
S'est lourdement abattu
À la porte du silence
Où je me suis perdu
Et j'entends des paroles
Des amis des ennemis
Ma langue faire des cabrioles
Bêtement je souris


* * *
Étoile inconnue qui attend au seuil du firmament
Je ne puis t'atteindre
Je ne puis t'éteindre
Je ne puis t'étreindre
Une porte doucement en grinçant se referme devant mon cœur impuissant
Trop lourd il ne peut plus feindre

* * *

Pourquoi toujours penser à ce regard d'enfant ?

Enfant blessé que je trouvai sur une plage sale.
Qui était seul.
Son cœur, son cœur, encore je l'entends !
Son chant funèbre était pur de tout râle...

Et pourtant ce n’était ni toi ni moi,
Ce n’était peut-être qu’un mauvais rêve.
Mais comprends-moi, c’est important pour moi !
Je ne veux pas que notre amour crève.

Comprends que ma folie est souvent un défi,
Comprends que mes absences sont aux chaînes
Ce que les silences sont au cri  !
Elles ont la vérité pour reine.

* * *

Soir de détresse en l'âme sans cœur du tueur...
Sa cruelle main de bon ouvrier l'inquiète :
Elle ne veut plus quitter sa très sainte sœur
Qui, épatante, noble, fait la bonne bête.

* * *

Fleur de cimetière, n'es-tu qu'une ombre fugace ?
Comme l'oiseau dont le chant se lasse
D'appeler en vain l'éclat des beaux jours,
À en pleurer de ce cri d'amour...

Mais quel est ton nom, quel est ton rêve ?
Dis-le, enfin, ce que jamais tu n'achèves ?
Ce que jamais tu n'as repris ni appris
Si bien qu'à présent tu es sans abri...


* * *
Enfant, adolescent, adulte :
Il m'a trahi.
Qui ? Temps, monture occulte
Que menait jadis mon esprit.

Tantôt.
Après.
Non, arrête, Impossible !
Mais était-ce lui ?
Je l'appelle, je lui crie : « Insensible ! »
Je lui mords l'échine, je lui dis : « Mon chéri. »

Il continue, sans voir ma tristesse,
Sans émouvoir son infini
Et s'impose à mon âme en laisse,
Songeur et triste lui aussi.

* * *
L'enfant blessé, tombé, et qu'on a encore humilié,
Va-t-il se relever ? Va-t-il chanter, cracher ou pleurer ?
J'ai peur de lui tendre ma main, qui tremble...
J'ai peur, tellement peur qu'il me ressemble.

* * *

À ton humeur voici ma réponse
J'ai un cœur de bronze
Je suis un vieux bonze
Appelle-moi « Alphonse »

* * *

J'ai pris ta main dans ma main.
Y sera-t-elle encore demain ?
Elle tremble, elle est chaude
Comme un oiseau pris en fraude,

Mon esprit capitule. Je meurs.
Je cherche ton sourire, ton odeur.
Respecteras-tu toujours ma maladresse,
Ô toi qui jamais ne me blesses ?

* * *

Tu m'as dit que nous resterions amis.
Alors, c'est que vraiment c'est fini.

N'y a-t-il pas en effet de meilleure preuve
Que de devenir l'un pour l'autre une bonne œuvre ?
N'est-ce pas ce que l'on appelle un doux mépris ?
Quand le feu est éteint il n'a plus besoin d'abri.

* * *

J'ai goûté à ta peau à ta bouche
J'ai plongé au plus profond de ta chair
Et tu gémissais comme gémit sur la mer
La mouette que la pluie prochaine effarouche

Mais mon désir est toujours aussi fort
Il veut la violence et la tendresse
Il veut de ta sveltesse en extraire toute l'ivresse
Mourir encore dans la vague profonde de nos corps

La douceur tiède de ton élan
Brise le mur sourd de mon angoisse
Comme un inattendu ressac fracasse
Le château massif d'un vieil enfant

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