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NOUVEAU : Éclats de miroirs (août 2019)

 

 

ÉCLATS DE MIROIRS - Jean-Paul Inisan - Ce cinquième opus poétique (200 pages) de Jean-Paul Inisan nous offre de nouvelles partitions, écrites dans le langage à la fois précieux et familier, musical et teinté d’humour provocateur, qui singularise le style de l’auteur. Les textes ont été classés en dix chapitres, qui sont comme autant de variations originales sur les thèmes chers au poète : l’amour, la passion, la conscience, la mort, l’être, les chemins de vie, la magie du temps et de l’espace, etc.

Cette configuration particulière de l’ouvrage permet au lecteur de s’orienter librement, en suivant ses inclinations personnelles et son humeur de l’instant, dans le foisonnement étincelant mais aussi un peu déconcertant de l’œuvre, qui mêle allègrement les genres et les styles : poèmes d’amour ou de passion, poèmes philosophiques ou ésotériques, récits de vie ou histoires fantastiques, séquences comiques ou pathétiques, écrits mystiques ou libertins, incantations magiques, textes longs ou brefs (tous versifiés)...

EXTRAITS CI-DESSOUS

- Auteur : Jean-Paul Inisan, 200 pages, format de poche 19 cm x 12 cm - Prix : 15 euros - Éditeur :  Edmond Chemin, août 2019 - ISBN : 979-10-95638-12-4  - 
Peut être commandé en librairie et sur tous les sites de vente internet : 
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E X T R A I T S....
(Reproductions des textes autorisées avec mention de la source)

 

CE JOUR-LÀ
 

C'était un jour de pluie
À un retour de noces
Et nous n'étions pas des gosses
Nous avions déjà vécu notre vie

 

Pourtant nous nous sommes déshabillés
Et n'avons laissé de notre passé aucune trace
Nous avons reçu le baptême de la grâce
Nous nous sommes regardés

 

Et ce que nous avons vu
Nous a fait comme disparaître
Nous étions encore à naître
Nous étions totalement nus

 

La lumière qui enveloppait nos corps
Était celle de notre innocence
Pourtant nous n'étions plus dans l'enfance
Je me sentais même à quelques pas de ma mort

 

Alors que s'est-il passé ce jour-là
C'était un jour de si grande lassitude
Un jour de si grande solitude
Qu'on était prêt à faire n'importe quoi

 

Nous l'avons fait sans réfléchir
On était sur la même longueur d'ondes
On ne faisait pas partie du même monde
Mais on était plein du même désir

 

C'était le désir d'aimer
C'était le désir de comprendre
C'était une ardente offrande
L'envie soudaine et folle de tout donner

 

L'envie furieuse de donner le meilleur de soi
De donner ce qui pour soi est toujours invisible
Ce qui pour soi est toujours immobile et inaudible
Ce qui est à zéro millimètre de soi

 

Sans rien apercevoir
Je ne peux voir mon visage
C'est comme un océan sans rivages
Une immense clarté sans miroir

 

Était-ce cela l'amour Notre amour
Cette étrange coïncidence
De deux parcours d'existence
Et ce qui n'aurait pu n'être qu'un carrefour

 

Est devenu un seul chemin
Cela s'est fait en silence
Nos regards avaient l'éloquence de l'évidence
Et nous sommes repartis main dans la main

 

Sans la moindre déclaration
Sans le moindre préliminaire
Et après cent mille millénaires
Nous ne lui avons toujours pas donné un nom

 

L'INSTANT DE L'AMOUR
 

J'ai ouvert mon cœur
Et je n'ai plus eu peur
Mes pieds s'enfonçaient jusqu'au centre de la terre
Et mes yeux étaient remplis de lumière

 

Je voulais te voir
Te faire sortir du noir
Toi que j'imaginais à la fois si maternelle
Et si délicatement sensuelle

 

Je ne te voulais pas
Enfin pas que pour moi
Mais je voulais à nouveau ressentir
Éprouver intensément le plaisir

 

Le plaisir de t'aimer tellement fort
Bien au-delà de ton visage et de ton corps
Je voulais te déshabiller de ton apparence
Effleurer délicatement des yeux ton innocence

 

Te reprendre lentement len-te-ment dans mes bras
Et sentir ton cœur qui bat
Te regarder au plus profond de ta lumière
Sans jamais déflorer ton mystère

 

Baiser fébrile tes yeux et tes mains
Trouver de ton cœur le chemin
Effleurer à peine de ma bouche tes lèvres
Sans en aspirer la sève

 

Sans jamais en demander plus
Sans jamais espérer un surplus
Mais follement mêler soudain nos existences
Sans espérer ou craindre des conséquences

 

Juste pour un petit instant
Décider de ne pas être amants
Mais ouvrir doucement la fenêtre
Du plus secret de notre être

 

L'amour est alors comme une fleur
Que l'on ne connaît que par son odeur
Un étrange interminable orgasme
Tout le contraire d'un spasme

 

OSMOSE
 

Vais-je te frapper
Toi qui m'as blessé
Au fond de moi le feu de la violence
Veut éclater en une destructrice vengeance

 

J'avais une attente d'ami
Je te faisais confiance et tu m'as trahi
J'attendais que tu me soutiennes
Et je n'ai reçu que des critiques hautaines

 

Toi dont je suis le plus proche compagnon
Tu m'as dit que je n'étais pas bon
Et maintenant je veux te faire payer ces paroles
Qui brisaient notre familier protocole

 

Écouter l'autre le comprendre sans le juger
Être toujours disposé à l'aider
Notre contrat d'origine
N'est plus aujourd'hui que ruine

 

J'espérais être au moins par toi reconnu
Et tu 'm'as cruellement déçu
Ma colère va faire des ravages
Déjà pour moi tu n'as plus le même visage

 

Tu as le visage d'un ennemi
C'est celui de la perfidie
Tu n'as aucune excuse
Sauf celle de la ruse

 

Mais voici que soudain j'aperçois au loin l'horizon
Il m'apparaît comme une gigantesque maison
Dont la porte est une fenêtre
Qui se trouve au cœur de mon être

 

Mon dieu tu me parais être si précis
Si évident en face de ce flou que je suis
Ce que je suis est devenu indéfinissable
Absolument inaltérable

 

Alors de toi je ne crains plus rien
Car de toi je me sens plein
Et ce qui me paraissait hier comme une offense
Aujourd'hui me donne la connaissance

 

Ainsi non seulement je te connais mieux
Mais en plus je sais ce que je veux
Ce que je veux c'est toujours me surprendre
Mais sans pour autant cesser de te comprendre

 

Je t'aime et je te hais
C'est cela ma vérité
Tes jugements sauvages
Font partie de mon personnage

 

Je ne suis pas meilleur que toi
Moi aussi je peux te secouer comme une noix
Sans que cela remette en cause
Notre indestructible osmose


 

RÉPONDS-MOI
 

Ô ma douce amie
As-tu reçu mon message
Es-tu encore en vie
Ou as-tu fait naufrage

 

Écris-moi seulement un mot
Qui me fasse croire encore en ton existence
Qui me fasse le cœur chaud
Me redonne un petit peu seulement d'espérance

 

L'étrange clarté verte de tes yeux
Tamise toujours d'amour mes rêves
Et sur tes longs blonds cheveux
Je ne cesse de poser doucement mes lèvres

 

Mais tu ne veux plus de mes bras
Tu joues à l'indépendante
Tu veux être conforme à la loi
Tu ne veux plus être d'une femme l'amante

 

Mais moi rien ni personne ne m'interdira de t'aimer
Car au fond de moi j'ai gardé ton image
Et je ne finirai jamais d'en abuser
Au fond de moi je ne tournerai jamais la page

 

Je continuerai à me noyer dans ta fraîcheur
À entendre ta voix et tes fous rires
À effleurer ta peau à m'enivrer de ton odeur
Jusqu'à ce que mon cœur et ma vie en chavirent

 

Jusqu'à ce que je ne sache plus qui je suis
Je remplirai de souvenirs ma solitude
J'illuminerai de joie mes nuits
Ce sera comme une éternelle béatitude

 

Et quand enfin l'on m'aura jugée et enfermée
En partant je t'enverrai le plus beau des messages
Pour que tu n'oublies jamais notre cher passé
Pour que tu t'en souviennes jusqu'à ton plus vieil âge

 

LE CHAT
 

Souviens-toi de ce chat sous les toits
Il s'introduisait tous les soirs chez toi
Il aurait voulu ronronner sous tes caresses
Simplement jouir un peu de ta tendresse

 

Pour toi ce n'était qu'un dangereux maraudeur
Et pour le chasser tu essayais de lui faire peur
Mais il n'était pas du genre docile
Et cette mansarde était peut-être à lui son domicile

 

Toi tu n'étais là que pour quelques jours
Lui tous les soirs depuis toujours il y faisait un tour
Presque un tour de propriétaire
C'était certainement un grand solitaire

 

Pourtant il aurait suffi de si peu
Il aurait fallu simplement calmer le jeu
Il aurait suffi d'un peu de silence
Le rassurer par un peu de bienveillance

 

Et alors vous auriez pu avec amour partager
Partager sans jamais vous sentir obligés
Partager cet éphémère territoire
Et il n'en serait rien resté dans votre mémoire

 

Sauf le souvenir d'une paisible nuit
Où chacun aurait pu se sentir compris
Sans que cela ait plus d'importance
Que d'avoir offert à l'autre sa confiance

 

TUYAUTERIES SPIRITUELLES (extrait...)
 

...Toute cette machinerie est précise et bien huilée
On ne l'entend pas fonctionner
C'est une horlogerie silencieuse
À moins que ce soit une superstructure pieuse

 

De gros éléments verticaux
Croisent sagement des fins horizontaux
Parfois ils s'interpénètrent
Sur les côtés et sur les crêtes

 

Je ne me lasse pas de contempler
Ce que je ne prends pas pour un reflet
Mais comme un insondable paysage
Un immeuble haut sans étage

 

Quelque chose qui me fait m'exalter
Sans être capable de le partager
La réalité est devenue langage
Le langage est devenu un muet échafaudage

 

Je suis comme un explorateur ébahi et ravi
Qui aurait découvert le secret de la vie
Et compris qu'aucune connaissance
N'avait besoin de maintenance

 

Tout à l'avance est prévu
Et toute prévision est du déjà vu
Cette vérité est apaisante
Tant elle est absorbante

 

Je me sens avec moi en paix
Même si je continue à pleurer
Je n'ai ni cœur ni âme
Ce n'est qu'une flamme

 

 

RÉINCARNATION (2 extraits...)
 

Sans l'uniforme je me sens perdu
Et je ressens toujours ma blessure
Qui ne guérit pas sous mon armure
C'est celle de n'avoir rien vu

 

On m'a tiré une balle dans le dos
Et je m'en veux ce ne pas avoir senti la menace
Et surtout de ne pas avoir pu faire face
J'en ai toujours le cœur gros

 

Il venait d'arriver sur la position
Je ne le connaissais pas mais c'était un camarade
Il était arrivé un peu après l'embuscade
Et de la résistante j'avais déjà décidé l'exécution

 

Je l'avais abattue devant lui avec mon propre pistolet
En la regardant bien en face pour honorer son courage
Et ensuite j'avais brièvement fait son hommage
Et de cela il avait eu l'air choqué

 

Il m'a demandé si comme lui j'étais lieutenant
Alors j'ai appelé un officier parmi mes hommes
Celui qui était le moins autonome
Car je savais qu'il me répondrait : Oui mon commandant

 

C'est peu après quand je me suis éloigné
Qu'il m'a abattu par derrière
Par une traîtrise meurtrière
Sans doute parce qu'il s'était senti humilié

 

C'est une douleur qui me traverse toujours le corps
Du côté gauche de la poitrine
Elle me lancine et me mine
Surtout quand mon ressentiment est fort

 

[.../...] C'est vrai qu'aujourd'hui j'ai pris un nouveau chemin
Mais de mon ancienne vie il reste une profonde trace
Et de ce mal je ne sais comment on se débarrasse
J'attends je ne sais quel événement ou signe du destin

 

En attendant je m'efforce de donner de moi le meilleur
Je mène une vie humble presque pieuse
Mais ce n'est pas une existence vraiment heureuse
Car je me ressens comme étant un usurpateur

 

Est-il aussi facile de paraître soudain vulnérable et désarmé
Il doit je pense y avoir un sas une phase transitoire
Comme une sorte de moderne purgatoire
Qui permet de se libérer progressivement de son passé

 

Je ne comprends ni le comment ni le pourquoi
De cette résurrection sans conditions préalables
Sans connaissance de l'irréparable
Tout cela est tellement différent de moi

 

Mais c'est mon nouveau chemin
Et il va falloir que je change de nature
Que j'accepte ma faute ma blessure
Ça ne va pas se faire du jour au lendemain

 

Il y aura encore des moments de confusion
Mais je parviendrai un jour à séparer mes deux existences
Et à retrouver une efficace clairvoyance
Je donnerai aux autres autant qu'à moi toute mon attention

 

DÉESSE
 

C'était une déclaration spontanée
Qui m'a décontenancé : elle me dit qu'elle m'aimait
Et dans son regard il y avait cette flamme
Qui jaillissait du plus profond de son âme

 

Mais moi je ne m'intéressais qu'à son corps
Je ne voulais connaître d'elle que le dehors
Je ne voulais recevoir d'elle que la jouissance
Faire la démonstration éclatante de ma puissance

 

Elle me regardait avec ces immenses yeux ingénus
Des myopes quand de leurs lunettes elles sont dépourvues
Son regard clair lui donnait un air vulnérable
Qui me la rendait encore plus désirable

 

À cette époque je voulais vivre suivant mon instinct
Le plaisir était pour moi le plus suprême des biens
Je m'apprêtais donc à lui rendre hommage
À jouir pleinement de mon viril avantage

 

Mais je ne sais pas ce qui s'est passé
Doucement contre moi je l'ai serrée
J'abandonnai soudain toute intention voluptueuse
Et mes caresses furent presque pieuses

 

Quelque temps après je m'en suis voulu
Je me suis reproché de ne pas y avoir cru
De ne pas avoir su saisir ma chance
De vivre un moment inoubliable de plaisir intense

 

Elle était prête à me donner d'elle le meilleur
Et moi j'ai réagi sélectivement avec mon cœur
Il est vrai qu'en échange j'ai reçu sa tendresse
C'était celle d'une déesse

 

 

MÉDITATION DU VOLCAN
 

Un volcan venait de s'endormir
Et je croyais pouvoir enfin du calme tranquillement jouir
Mais voici qu'à nouveau soudain il explose
Et puis tout de suite après encore il se repose

 

Il reprend son souffle sa respiration
Si longuement si profondément que c'en est presque une méditation
Qui féconde le feu et les cendres
Qu'il va à nouveau sur la plaine abondamment répandre

 

Ce va-et-vient interminable entre silence et fracas
Finit par me ramener chez moi
Comme en une éternelle renaissance
En-deçà de toute durée et de toute distance


 

MÉTAMORPHOSE (1 extrait...)
 

Je n'ai pas vu la lumière qui descendait du ciel
Je n'ai pas vu la rivière qui coulait sur un lit de miel
Je n'accordais aucun intérêt à ce genre de choses
Pas plus d'ailleurs qu'au parfum des roses

 

Pourtant l'étincelle dansant dans tes yeux
Aurait dû m'interroger sur la nature de ce feu
Peut-être qu'une automobile flambant rouge
Aurait plus fait l'affaire pour qu'enfin je bouge

 

J'étais loin de ces curieux et lointains émois
Je ne voyais que ce qui courait sous les toits
De tout le reste je n'avais aucune connaissance
C'était ainsi depuis le jour de ma naissance

 

Je n'entendais pas l'écho des chants anciens
Je n'entendais pas les sons cristallins
Sur les tapis voguants des manoeuvres
Portés par le flot profond du grand fleuve

 

Et je ne sentais pas les effluves moisies des étangs
Mêlés aux senteurs épicées du vent
Quand il n'avait pas encore trouvé sa place
Et qu'il rôdait encore fantôme dans l'espace [.../...]

 

 

OISEAU DE MA VILLE
 

Un oiseau à ma fenêtre s'est posé
Et il s'est mis à chanter.
Non ce n'était pas un oiseau des îles
C'était un tout petit oiseau gris de la ville

 

Il était ici dans son élément
Heureux et si vivant
II s'envola vivement avec grâce
Et je me sentis soudain bien à ma place

 

Il y eut alors tout proche comme un bruit de moteur
C'étaient les battements de mon cœur
II ne se nourrissait pas d'essence
Mais d'écoute et de silence

(écrit en collaboration avec Victor Inisan âgé de 10 ans)

 

CE QUE L'AUTRE RESSENT
 

Que de chemin douloureux avant de pouvoir ressentir !
Prendre le temps de ressentir sans me presser de réagir,
Sans juger, sans interpréter, sans jouer un rôle.
Sans me soucier de l'apparence, sans me soucier des protocoles,

 

Mais simplement être là, dans la vérité de l'instant
Et ressentir l'autre comme il est là, dans son présent,
Pas seulement ce qu'il montre de lui : parole, corps, visage,
Pas seulement ce qu'il a acquis ou reçu en héritage !

 

Mais ce qu'il vit maintenant,
Ce que réellement il ressent.
Et non pas ce qu'il veut paraître
Et non pas ce que, moi, je veux paraître.

 

Je suis ce que je suis
En n'étant pas uniquement ce que je suis,
Mais en me dépassant moi-même,
En étant bien plus que ce qu'en moi j'aime.

 

Pour me projeter dans ce que l'autre ressent
Je dois accepter d'être de lui très différent.
Alors, je vois mon espace à l'infini s'étendre
Sans pour autant ne plus m'entendre.

 

 

MÉDITATION
 

J'avais rendez-vous pour une méditation
Mais je ne trouvais pas le lieu de la réunion
J'ai cherché en vain j'ai cherché
J'ai fini par abandonner

 

Et alors une porte s'est ouverte
Mais la maison était déserte
Je me suis assis par terre et j'ai attendu
Personne n'est venu

 

J'ai attendu pendant des heures et des heures
C'était une immense demeure
Avec une seule pièce et seulement trois murs
Le quatrième était entre deux coins obscurs

 

Sans doute existait-il mais derrière moi et il était invisible
Sa présence ne se révélait que par sa cible
Un immense miroir transparent
Rempli de bruits de vie et de gens

 

Comme une cour de récréation indélimitable
Remplie de beaux châteaux de sable
Que fébrilement tout le monde construisait
Et que tout le monde aussi fiévreusement démolissait

 

En une incontrôlable et merveilleuse transe
Sans faire de différence
Ceux des autres et les siens
C'était un jeu qui semblait être sans fin

 

ll n'y avait dans ce drôle de film ni méchants ni bons
Chacun jouait son rôle avec application
Bien sûr certains éprouvaient de la détresse
Mais ça faisait partie de la générale liesse

 

Et curieusement toute cette agitation et ce tapage
Formaient comme un harmonieux mixage
Je m'en sentais à la fois très distant
Et complètement dedans

 

Ici il y avait toujours le même silence
Toujours la même invisible présence
Ici je me sentais seul et heureux
Plein du monde et nu comme un dieu

 

Je n'attendais plus personne
Comme un roi né sans royaume
Je jouissais secrètement de mon véritable moi
Sans jamais vouloir imposer ni ma loi ni ma foi

 

Ne trouvant plus la porte j'ai voulu sortir par la fenêtre
Mais c'était la conscience de mon être
Je suis donc définitivement resté enfermé Ici
Où avec le monde entier désormais je vis

 

SYNCHRONICITÉ (extraits...)
 

Que donneras-tu à la lumière
Toi qui as vécu une vie guerrière
T'arrêteras-tu un jour sur ton chemin
Ou voudras-tu toujours aller plus loin

 

Sacrifier toujours plus à tes idoles
Accumuler toujours plus de signes et de symboles
Sans prendre jamais le temps de déguster
Un instant de pure clarté [.../...]

 

... Tu galopes sans cesse dans un interminable couloir
Sans jamais voir ce qu'il y a derrière les miroirs

 

Sans jamais ouvrir les fenêtres
Pour regarder à l'intérieur de ton être
Car tu y verrais le multiple et le un
Voguant sur les mêmes chemins

 

Tu y verrais tes multiples et bruyantes existences
Dans une seule et même silencieurse conscience
Dans le passé dans le futur et dans l'espace présent
C'est-à-dire toutes rassemblées ici et maintenant

 

 

VOYAGE (extraits...)

 

Un loup blanc sort soudain d'un sombre bois
Et je me sens perdu complètement aux abois
Ce qui me fait peur c'est qu'il ne semble avoir aucune attache
Je me demande précipitamment ce que cela cache

 

Mais il marche tranquillement sur le chemin
Il n'a l'air ni méchant ni malin
Il vient vers moi et d'une voix étrangement familère
Mon ami pouvez-vous m'indiquer la lisière

 

Je lui montre l'arbre le plus proche qui est aussi le plus haut
Je sens que je commence à avoir chaud
Le soleil est au-dessus de moi à la verticale
Tant pis je prends mon vélo il faut que je pédale

 

Il faut que je m'enfuie de ce monde de fous
Où les messagers s'incarnent dans des loups
Moi je veux simplement comprendre
Sans vouloir à tout prix dans plusieurs vies me répandre

 

J'aime les chemins les plus courts
Et ceux qui ne rencontrent pas trop de carrefours
Sauf si les directions indiquées sont claires
Et qu'elles ne me demandent pas de revenir en arrière (... /...)

 

TESTAMENT

Dans cette vie mes moments les plus heureux
Auront été ces instants fugaces mais lumineux
Où je pouvais aimer secrètement en silence
Sans attendre la moindre reconnaissance

 

Je m'oubliais alors et je ne voyais qu'elle ou lui
Homme femme ami ou ennemi
C'était comme une ardente et invisible flamme
Qui me faisait croire un instant que j''avais une âme

 

Aujourd'hui arrivé presque au bout de mon chemin
Je cultive ces souvenirs dans un étrange jardin
J'espère qu'encore ils fleurissent
Pour que le jour venu sur ma tombe ils s'épanouissent

 

 

HUMILITÉ (extrait)
 

... en acceptant d'être plusieurs destins
Tout en paraissant n'en assumer qu'un
En n'en parlant ni en ne le montrant à personne
En restant à ce sujet invisible et totalement aphone

 

En ne croyant jamais être aux autres supérieur
Ni non plus être devenu un homme meilleur
Vivant une existence modeste et discrète
N'attendant pas que l'on me glorifie ou qu'on me fête



Je maintiens le lien avec mes alliés de la nuit
Car ils détestent la lumière et le bruit
Ils préfèrent que l'on croit à leur absence
Plutôt que l'on vénère leur soi-disant toute-puissance


SECRET (extrait)
 

... Souvent je peux connaître un proche avenir
Et plus rarement il est vrai j'ai pu aussi guérir
Mais comme la science m'aurait accusé d'imposture
Je n'ai apposé nulle part ma signature


DÉFI (extrait)
 

Il faut sortir des longs couloirs de l'ennui
Oser se jeter dans la plus noire des nuits
Là où règnent les plus secrets de nos fantasmes
Là où les corps échappent enfin à la mécanique du spasme

 

Descendons dans les rues
Beaux et complètement nus
C'est en étant ainsi à notre avantage
Que nous obtiendrons le meilleur éclairage

 

Chantons à haute voix sur les toits
N'attendons pas d'être aux abois
Nous ne serons jamais des anges
Alors n'attendons pas que le destin nous dérange

 

Prenons-le à bras-le-corps
Défions même la mort
Allons jusqu'au bout de nos rêves
Là où jamais ils ne s'achèvent


 

LE VRAI NOM DE L'AMOUR (extraits...)
 

À ceux qui se moquent du mot Amour
Parce qu'ils le jugent mielleux hypocrite ou lourd
Je dis qu'ils le confondent avec le mot gentillesse
Ou qu'ils lui donnent par erreur le sens de faiblesse

 

L'amour n'est ni faible ni gentil
Il nous attire aussi bien des ennemis que des amis
C'est un ressenti qui peut faire des ravages
Quand il s'adresse à ceux qui aiment le carnage

 

Car on n'aime pas que les êtres bons
On n'aime pas que les moutons
On aime aussi les loups et les panthères
Les prédateurs et ceux qui aiment la guerre

 

Et alors on peut devenir comme eux
Capable des actes les plus belliqueux
L'amour n'est pas le contraire de la haine
Mais il la considère comme étant sienne

 

[... /...] On vous a fait croire que l'amour c'était vous sacrifier
Pour mériter la reconnaissance sociale et le succès
Pour après votre mort échapper à la punition infernale
Ou au contraire obtenir la récompense paradisiaque finale

 

Mais ce n'est pas ce que j'entends par ce mot
Ce mot signifie pour moi l'amour du beau
Pas seulement la beauté physique
Mais c'est l'amour de ce qui n'est pas logique

 

C'est ce qui fait qu'un être nous surprend
Qu'il se montre de son image différent
Comme la force cachée d'un être vulnérable
Ou la noble générosité d'un tyran implacable

 

C'est ce qui nous confronte à une autre réalité
Quelque chose qui ne nous est pas familier
Ressentir d'un autre l'extrême différence
C'est faire un long voyage dans la transcendance

 

C'est un voyage dangereux mais divin
Qui nous écarte des chemins communs
Qui à la fois nous exalte et nous tranquillise
Nous inquiète et nous sécurise

 

L'amour emprunte de multiples voies
Mais c'est toujours un plaisir en soi
C'est une petite mais ardente flamme
Qui réconcilie le corps et l'âme


 

BEAUTÉ ÉTERNELLE
 

Je resterais là à te regarder
Et à me sentir t'aimer
Et cela ne finirait jamais
Ce serait un bonheur sans fin

 

L'unique but de ma vie
Son unique nourriture
Ressentir sans fin mon amour
Sans rien faire
Sans rien dire

 

Surtout sans jamais rien demander en retour
Dans un parfait silence
Dans une totale présence
Tu ne serais qu'un prétexte

 

Le prétexte de la beauté
Pour pouvoir me sentir aimer
Savourer
Mon éternité

 

 

AIMER EST UNE GUÉRISON
 

Aimer est une joie
Qui ne se partage pas
À vrai dire aimer est égoïste
L'amour n'est pas un moraliste

 

Aimer est un bonheur en soi
Qui ne se montre pas
Aimer dans le plus profond silence
Est à lui-même sa propre récompense

 

Et à l'autre on peut tout juste dire merci
Merci d'être ce cadeau qui n'a pas de prix
Merci pour ces moments de grâce
Où il occupait tout l'espace

 

Où l'on n'attendait rien
Où l'on ne nous donnait rien
Enfin rien que la plus formidable évidence
Celle de l'autre l'Unique existence

 

L'amour est une guérison
Qui survient sans raison
C'est quand on s'oublie soi-même
Et qu'on ne voit plus que l'être qu'on aime

 

C'est une sensation de bonheur
Ressentie dans le cœur
Invisible et silencieux
Il nous rend pronfondément heureux

 

C'est regarder l'être aimé
Ou simplement y penser
L'amour est totalement invisible
Et parfaitement inaudible

 

Ce n'est pas un objet de représentation
Ce n'est pas un objet de consommation
Et si par hasard malgré nous il s'exprime
Ne le laissons jamais devenir légitime

 

Car ce n'est pas une morne répétition
Il échappe à toute détermination
Il n'est ni effet ni cause
Ce n'est pas une chose

 

L'amour est un pur ressenti
C'est la plus puissante des énergies
La plus subtile la plus immatérielle
Et en même temps la plus corporelle

 

Il fait du corps un bel instrument
Qu'il fait vibrer intensément
Et la beauté qui en émane
Jamais ne se pavane


AMA
 

Le temps qui passe laisse des traces
Mais jamais il n'efface
Ce qu'il y a en nous de meilleur
Qui est au plus profond de notre cœur

 

La flamme qui brille toujours dans tes yeux
Vient de cet endroit lumineux
Qui est au-delà de tout âge
De ce que tu deviens elle est l'éternel message

 

Mélange étrange de beauté et de passion
De joie sauvage et de douce compassion
De distance hautaine et de provocation crue
De sensibilité à la fois voilée et nue

 

Sur ton front il y a le pli obstiné du raisonnement
Contredit par le sourire espiègle de l'enjouement
Et au loin si loin si loin ce corps si désirable
Qui me paraît aujourd'hui encore plus intouchable

 

Nos destins ne s'étaient même pas effleurés
Et sans doute depuis longtemps m'as-tu oublié
Mais moi j'ai gardé le souvenir de ce furtif passage
Comme d'un soleil qui transperçait les nuages


 

ICI-MAINTENANT
 

Ce je que je suis essentiellement
C'est ici et maintenant
C'est ce que je suis sans mémoire
Et sans territoire

 

Au plus proche de moi
Je ne me vois pas
C'est une transparence
Pleine de vos multiples différences

 

Ici c'est grouillant de joies de peines de vie
De mouvements et de cris
Et pourtant à jamais immobile
Et parfaitement impassible

 

Et cet immense lieu
Est droit comme un pieu
Enfoncé jusqu'au centre de la terre
Il atteint aussi les plus hautes sphères

 

C'est une invisible embrasure
D'une inimaginable envergure
Comme un filet percé
Qui laisserait tout passer

 

Je ne peux le nommer
Car il n'a ni futur ni passé
Quand je veux me l'approprier
Immédiatement il disparaît

 

C'est seulement une Présence
J'en ai lumineusement conscience
Quand je renonce à m'en flatter
Et que j'accepte d'être ce que je suis pour l'éternité


 

CE QUE TU ES VRAIMENT
 

Ce que tu es vraiment n'est pas une image
Mais c'est un être toujours différent
Personne ne peut le voir et il n'a pas d'âge
Tu es tout ce dont tu étais ignorant

 

Tu es tout autre que sur ta route tu rencontres
Qu'il soit beau ou laid bon ou haineux
Quel que soit le visage de toi qu'il te montre
C'est lui qui t'ouvre le mieux les yeux

 

Tu vas et viens au gré des eaux
Dans cet océan immense fait de mille ruisseaux
Tu ne sais jamais sur lequel tu vogues
Est-ce le tien ou son homologue

 

Et pourtant tu ne bouges jamais
À la fois cœur et conscience
Tu t'ouvres tout entier à ce qui ne cesse de changer
Avec la même tranquille permanence

 

Tu ne suis jamais la même direction
Mais tu gardes un œil sur le lointain horizon
C'est un repère constant un si familier paysage
Qu'il devient finalement de ce que tu es ta plus fidèle image


 

MATIN
 

Sous les voiles frémissants de l'aurore
Se cache la porte d'une nouvelle vie

 

Les yeux encore pleins des brumes de la nuit
Tu sors lentement comme d'un obscur souterrain
Tu ne fais encore que rêver le matin

Au loin derrière l'horizon qui se colore

Se lève la flamme de l'espoir

Et dans un incommensurable profond miroir
Tu aperçois ton vrai visage
Au-delà de tout âge

 

Ce n'est pas un château
Les murs ne sont ni épais ni hauts

Ce sont d'immenses fenêtres toujours ouvertes
Pour accueillir le meilleur de ton être


Le meilleur de ton être ne peut être vu
Ne peut être entendu

Le meilleur de ton être
C'est ce que tu ne peux jamais paraître


 

QUE DE L'AUTRE
 

Il n'y a que du nouveau que du différent
Il n'y a que de l'autre
Dont je suis malgré moi le meilleur des hôtes

 

Ce n'est pas parce que je devrais l'aimer
Mais c'est simplement ce qui est
C'est comme un arbre géant aux profondes racines
Qui délicatement caresse le ciel de sa cime

 

Et la plus belle des roses
N'est finalement qu'une chose
Elle ne dure qu'un temps

 

Ce qui demeure est pur diamant
Ce qui reste est sans âge
C'est un total partage

 

 

QUI ?
 

Tu l'as progressivement oublié
Mais cela fait une éternité
Que je suis ta trace
Et que je te protège de ma grâce

 

Ce qui est à portée de main
Ne nécessite pas de parcourir un long chemin
Je n'ai pas à franchir une longue distance
Pour atteindre et protéger ton existence

 

Je suis si proche de toi
Que tu ne me vois pas
Tu joues décidément trop bien ton rôle
Pour voir ce qu'il y a entre tes deux épaules

 

Tu t'aperçois là-bas loin d'où tu es
Car tu confonds le vrai et son reflet
Le masque et la face
Ce qui est immuable et ce qui passe

 

Tu l'as sans doute oublié
Mais cela fait une éternité
Que tu bénéficies de mon indulgence
Face à ta peur qui n'est que peur de ta transcendance

 

Pourtant c'est vrai tu évolues
Ton regard devient plus aigu
Tu n'en as pas encore une claire conscience
Mais tu pressens et acceptes parfois ma présence


Pas pour briller ou t'en faire un outil
Mais cela survient quand tu t'oublies
Quand tu oublies même les étranges coïncidences
Qui te faisaient croire au mystère de mon existence


 

IMPERFECTION DIVINE
 

Voici ce que le tourment et le désespoir t'ont appris
Ils t'ont appris que rien n'est jamais fini
Les épreuves ne sont que de passage
Ce sont comme de violents orages

 

Après la tempête le ciel redevient bleu
Et tu crois à nouveau à un avenir radieux
Tu ne te complais pas dans la rancune
Tu ne condamnes pas mes divines lacunes

 

Car constante est ma protection
Malgré mes fréquentes distractions
Tu continues malgré toi à faire confiance
À mon invincible puissance

 

Ma force est de ne pas être parfait
C'est ce qui te permet de tout me pardonner
Mais ceux qui me croient irréprochable
Me rendent ainsi impitoyable

 

 

TU ES LUMIÈRE
 

Tu es lumière et tu retourneras en lumière
Au-dessus des nuages le ciel est toujours bleu
C'est à la fin de la nuit que le soleil se lève radieux
Tu es lumière et tu retourneras en lumière

 

La conscience est ta plus haute substance
On t'a appris que c'est le corps son bel écrin
En vérité c'est elle qui constamment l'étreint
Elle te donne son indestructible transparence

 

Et cette flamme ardente qui au fond de toi brûle
A sa source dans l'instant présent
Elle nourrit partout le vivant
Elle ne connaîtra jamais de crépuscule

 

Ici c'est toujours un autre que tu aimes
C'est un chemin sans début et sans fin
Comme un perpétuel nouveau matin
C'est en changeant sans cesse que tu restes le même

 

Tu es éternel car tu ne te fixes pas à une image
Tu meurs maintenant
Et tu renais l'instant suivant
Tu es un interminable passage

 

Nuages et rêves passent
Mais rien ne bouge Ici
Tout est clair chaud silencieux Ici
Ici tu contiens le temps et l'espace

 

Tu ne crois pas aux apparences
Des autres tu perçois clairement les auras
Et tu peux leur dire quelle sera leur voie
Mais de toi-même tu es dans la plus totale ignorance

 

Tu voudrais leur donner en abondance
Mais comme tu ne possèdes rien
Ce que tu leur donnes est au-delà du mal et du bien
C'est de leur existence la lumineuse conscience


 

VIEILLE OURSE
 

Que dire de cette histoire
Ce n'est quand même pas la mer à boire
Il y a mieux à faire sur le tarmac
Que de dormir dans un hamac

 

J'étais à bout de course
Quand survint une vieille ourse
Qui me séduisit
Par son ton hardi

 

Elle m'avait demandé une cigarette
Je n'avais qu'une allumette
Mais elle n'a pas eu l'air déçue
Elle a mis le feu au petit Jésus

 

Et si elle m'a fait visiter sa grotte
Ce n'est quand même pas de ma faute
Dans ce trou noir je n'y voyais rien
Heureusement elle m'a pris la main

 

Au fond il y avait une source
Dans laquelle j'ai vidé ma bourse
Cela m'a fait beaucoup de bien
Depuis je n'ai plus mal aux reins

 

Je me déplace à la vitesse de la lumière
En laissant derrière moi un nuage de poussière
J'ai retrouvé le dynamisme et la joie
Pour la première fois je crois en moi

 

Mais était-elle une fée déguisée ou une sorcière
Ce que je peux dire c'est qu'elle n'était pas fière
Et si je n'ai pas eu besoin de revenir la voir
Elle ne m'a pas révélé le secret de son pouvoir


Elle n'était pas très belle plutôt ronde
Mais elle m'a tout appris en quelques secondes
Le sens de la vie le sens du jour et de la nuit
Et comment sortir en riant de l'ennui

 

Il suffisait de prendre assez de vitesse
Pour soulever en même temps ses deux fesses
Et de se laisser glisser ensuite sur le dos
Puis jaillir très très haut avant de tomber dans l'eau

 

Tout cela c'est pas facile à chanter ou à dire
Mais avec elle ça se faisait dans le rire
Pas besoin de faire d'effort
Elle assurait le transport